In vino veritas ❧ Dimitri [terminé]

Lyon, dite la capitale des Gaules : C’est dans cette ville française que Dimitri est né ; un dix-neuf mai.

Je vous arrête tout de suite ! Il n'a pas eu une enfance baignée dans le drame et les larmes, avec du sang à qui veut en voilà, des morts à répétition ou bien même des troubles mentaux venus hanter notre pauvre sujet du jour. Non, en fait, Dimitri a eu un début de vie tout à fait banal. Enfin, banal, selon la définition que ce mot avait pris dans ce monde qui cachait sa véritable face à la population lambda.

Il avait eu, comme certaines personnes aiment le dire : Des amis, des amours, des emmerdes. Comme tout le monde. Par la faute de son caractère, il avait eu une bonne flopée de potes, mais aussi de camardes qui lui avaient bien fait comprendre qu’il n’était pas aimé de tous. Ceux-là, il les emmerdent, à présent. Il n’avait pas été un élève des plus sages, d’ailleurs : Que cela soit à la maternel, au collège ou au lycée, Dimitri avait été du genre turbulent et dans la lune. Cela pourrait paraître opposé, mais ce fut le cas. Oh ! Cela me fait penser, son cœur avait déjà désigné des élus, à droite, à gauche. Mais il avait été si timide, quand il était petit, qu'il n'avait jamais osé avouer. S'il se voit aujourd'hui comment il avait lui-même agit des années auparavant, il se foutrait bien de sa propre gueule !

D'ailleurs. Il ne détestait pas l’école, puisqu’il pouvait y retrouver ses camarades de jeux – et ses quelques coups de foudre –, mais les devoirs à la maison . . . Sa mère avait dû batailler à chaque fois pour qu’il en fasse au moins un correctement ! Et grâce à l’entêtement de cette dernière, son fils avait eu des notes acceptables à chaque fin d'année. Merci qui ? Merci maman Varvara ! C’est son nom.

Exotique, n’est-ce pas ? Je vous dirais : Slave. Sa propre mère était Française. Alors qu’elle était enceinte et de voyage en Russie, elle avait dû accoucher en urgence sur place, dans la ville de Omsk. Son prénom russe venait de là, et avait transmis un de la même famille à son fils, des années plus tard.

Oh, mais nous ne faisons que parler de Varvara. Qu’en est-il du reste de la famille Astier, me demanderiez-vous sûrement ? Patience, patience : Dimitri est, en quelque sorte, ce que l’on pourrait appeler un accident. Alors que la grande brune qu’était sa génitrice avait été de passage à Lyon, elle avait rencontré cet homme : Sébastien Delacroix. Nom très français ! Je vous épargne la scène de leur embrassade torride et amoureuse, et en vient directement aux faits : Varvara fut enceinte. Elle n’en dit rien à son amant d’un soir. Pourquoi ? Parce que leur nuit avait été elle-même une erreur ; il était marié. Et la brune n’étant clairement pas du genre à vouloir briser les couples, encore plus avec des bagues aux doigts, elle avait préféré ne rien lui dire. C’est un homme bien, malgré son écart de conduite qu’il avait eut pour ainsi tromper sa propre femme dans son dos.

Dimitri ne connaît alors de son père que le nom et les descriptions qu’en faisait sa mère. Il n’a, d’ailleurs, aucun frère et aucune sœur.

Quand il fut en mesure de quitter la maison familiale, il avait pris route pour l'Angleterre. Pourquoi ce pays ? C'est proche, et il maîtrise plutôt bien l'anglais, alors voilà ! À quoi bon prendre un billet d'avion pour aller aux États-Unis alors que l'ancien grand empire est juste à côté ? Je vous le demande ! Les au revoir avec sa génitrice n'avait pas été des plus heureuses, je vous m'accorde. Il lui avait seulement promis de revenir la voir, un de ces jours. Un de ces jours.

Il était allé à Niflheim. Pourquoi cette ville en particulier ? Que de questions ! Je vous répondrais que c'est un coup du destin ; encore. Comme si cette fatalité voulait attirer tout le monde dans cette ville au nom mystique, perdu dans les landes britanniques.

Dans cette même ville, il devint barman. C'était sa vocation ! Il ne saurait décrire très clairement ce qui l'avait poussé vers ce métier, mais c'était comme inscrit dans ses gênes. Ouais, une vraie copie de Dionysos. Si ça se trouve, c'est lui déguisé ! Mais je ne vous donnerais aucune réponse à ce sujet ! Au début, il avait travaillé comme serveur dans un bar. Lui et le sens de la gravité, vous savez . . . Il avait dû apprendre à bien tenir un plateau, à ne rien oublier des commandes des clients, faire la plonge de la verrerie, créer des cocktails à la demande. Lui qui avait pensé que c'était un job facile ! Que nenni ! Mais avec un peu de persévérance, ainsi que les souvenirs de sa mère luttant pour qu'il commence à travailler sérieusement, eurent aidé Dimitri. Et il eut réussi. À tel point qu'il avait quitté le bar pour lequel il travaillait jusque-là pour s'en créer un lui-même. Il avait acheté un vieux restaurant à l'abandon et à vendre dans un coin perdu de Niflheim pour le rénover. La manœuvre avait dû prendre, quoi . . . Deux bonnes années ? Le temps de rafraîchir le lieu, de jeter tout ce qui était inutile ou plus fonctionnel et les remplacer par des neufs, de décorer la salle, de passer des annonces pour trouver des serveurs, l'argent. Il y en avait eu, du boulot ! Et le châtain n'avait pas chômé.

Maintenant, il passe la plupart de ses journées derrière le comptoir ou le bureau, à astiquer des verres ou lire les papiers de la banque. Oh, si sa mère était là . . . Dimitri est persuadé qu'elle serait fière. Enfin, il lui avait bien évidemment partagé la nouvelle ainsi que des photos du bar, mais si seulement elle pouvait être là, à ses côtés, dans son petit Paradis. Mais c'est impossible.

C'est sûrement très idiot, mais quand il verrouille la porte du lieu pour rentrer chez lui, l'heure du sommeil venu, il ne peut s'empêcher de se retourner et de regarder l'enseigne qui dit :

La Cave de Dionysos.

Plus aucun doute possible, même lui est conscient de ses ressemblances avec le dieu.

Sa mère, ce bar : C'est sa vie.

Oh, et dernière chose, bien que je pense que vous vous en soyez douté : Il n’a aucune idée de l’existence des Reloads et des résurrections qu’accordaient la Mort. Bien qu’il ait, une ou deux fois, déjà entraperçut des choses étranges, il est vrai. Mais Dimitri se dit qu’il avait peut-être un peu trop forcé sur le rosée, ces jours-là, pour imaginer des choses pareilles ! C’est la seule chose censée à laquelle il avait pensé.

C'est ainsi que se termine ce périple entre vous et moi. On en aura vécu, des choses ! Du drame, de l'action, de l'amour, et une pointe de suspens ! Mais ne pleurer pas, je sais que cette séparation vous brise le cœur, mais comme j'aime le dire, toutes les bonnes choses ont une fin. Cependant, je serais ravie de vous accompagner une nouvelle fois, quand une de ces choses que vous appelez "deuxième compte" verra le jour. Mais patience . . . Tout vient à point à qui sait attendre.