Who would come to a human like you ? - Adam Black [Terminé]

- Fils de pute ! [...]

Cela va bientôt faire une demi-heure qu'il gesticule et hurle vainement dans les locaux de l'agence Black. « Il » ? Encore une pauvre victime incapable de rembourser son emprunt à temps, probablement à cause du taux d'intérêt exorbitant. Le vieil homme n'a pas tout à fait tord dans sa frénésie en dirigeant ses injures envers l'affreux businessman aux lunettes jaunes. Ce-dernier s'amuse d'ailleurs de ces propos peu reluisants. Il ne se le cache pas, la famille Black est tout sauf vertueuse.

Pour faire simple, d'un côté il y a celui qu'Adam appelle son « daron ». L'homme à l'origine  du métier d'usurier de son fils, son prédécesseur sans pitié, celui qui aujourd'hui a pris tranquillement sa retraite et surveille vaguement son fils en arrière-plan sans trop se soucier de ses actions. Celui à l'origine du nom de famille Black. Une pute au sens figuré. De l'autre côté, il y a celui qu'Adam appelle son « père » voire même « papa » s'il est de très bonne humeur. Une figure plus affective dans sa vie. Ancien prostitué tombé sous le charme de l'homme d'affaire douteux. Une pute au sens propre, bien que cela fasse des années depuis qu'il a fermé boutique.

Nous pouvons profiter d'une multitude d'autres injures sortant de la bouche de cet être endetté complètement désespéré. Aucune n'atteint vraiment sa cible, cette dernière ayant pourtant un sang chaud confirmé. L'habitude du métier, le manque d'originalité, la part de vérité en chacune d'elle… autant de raison pour observer la scène d'un air railleur.

- Bâtard ! [...]

Adopté oui. Complètement. On peut s'en douter, il est le seul bridé dans la famille Black, un nom pourtant anglais. Bâtard ? Probablement. C'est du moins ce qu'à conclu le tatoué en essayant d'en savoir un peu plus sur ces véritables origines. Il est sûrement le résultat d'une aventure extra-conjugale d'un quelconque individu friqué sud-coréen. Quelqu'un ayant une réputation à tenir tout au moins. Résultat ? Mise en adoption à l'international, le plus loin du pays d'origine le mieux. L'asiatique n'a jamais vraiment eu la motivation d'aller au fond de cette affaire. Il faut dire qu'il n'en a pas grand-chose à faire, il n'a jamais eu honte d'être adopté. Il a déjà deux pères, il en a pas besoin de plus. Et c'est pas comme si on allait l'accueillir à bras ouverts s'il réapparaissait dans sa famille d'origine, si ses hypothèses sont vraies du moins. Bien qu'il s'est déjà imaginé la situation, il aime le drama, il adore créer du tumulte, il serait ravi de voir quelqu'un d'important couler à cause lui. Il en serait fier.

- Chien ! [...]

Oh, celle-ci à mérité un haussement de sourcil du concerné. C'est tellement une évidence qu'on ne lui a pas dite depuis un bout de temps. Les lois de la rue sont semblables au royaume animal. Tout homme y est un chien et tout chien y est tigre dans sa propre ruelle. Les plus faibles doivent jeter des os aux plus forts pour survivre. Ceux qui ne peuvent pas se font réduire en pâture. C'est la triste réalité régissant criminels, pauvres et le même schéma se retrouve même chez l'élite de la nation. Les riches sont bien plus proches du fonctionnement des criminels que ce que l'on peut s'imaginer. Enfin, tout ça pour dire que oui. Adam à grandi comme un chien au milieu d'une meute. Il a commencé en bas de l'échelle, il a fait du pickpocket des sont plus jeune âge, à monté des arnaques en tout genre, à servi de collecteur pour son père pendant des années pour progressivement monter les échelons et se retrouver là où il est aujourd'hui. Fils unique mais pas privilégier. Il a dû prouver sa valeur. Maintenant, c'est lui le boss. C'est lui qui décide de quels malfrats douteux méritent son soutien financier. C'est lui qui envoie des gars effrayer des clients en retard ou collecter. Le risque qui pèse sur sa tête n'en est pas moins grand, au contraire, mais il s'en fiche.

- Va mourir ! [...]

Dommage pour lui, c'est déjà fait. Et le noiraud ne compte pas vraiment retenter l'expérience de si tôt. Même en ayant une activité professionnelle plus que risqué. Il faut dire, il est devenu un peu paranoïaque depuis qu'il s'est fait poignardé en pleine partie de Black Jack, il y a deux ans de cela, dans un casino pas très légal. C'était un ancien client du daron qui a fini ruiné. Il a reconnu le visage de celui qui a réquisitionné ses biens par la force, à pété les plombs et la suivi jusqu'à avoir une opportunité de le liquider. Depuis, Adam ne joue qu'en casino « réglementaire » et évite le Black Jack, son ancien jeu de prédilection, comme la peste. Eh oui, aussi étonnant cela puisse paraître il n'est pas -encore- interdit de jeu en casino.

Sa rencontre avec la Mort, il ne l'oubliera jamais. Il faut dire que c'est pas mal traumatisant. Bien plus effrayant que le couteau l'ayant mené à perdre son sang dans un premier lieu. Une entité noire qui lui a semblé immense sur le coup, un horrible crâne d'animal en guise de visage. Charmant. Le jeune homme n'était pas spécialement croyant avant cet épisode de sa vie, et il ne croit toujours pas en l'existence d'un vieil homme avec une auréole sur la tête à l'origine du monde mais il est certain d'avoir vu la Mort en personne et non pas une hallucination. Adam n'est pas du genre trouillard, mais ce qu'il a vu à ce moment là appartenait tout simplement à un autre ordre. Oui, il a eu peur. Oui il a eu l'impression de passer un pacte avec le diable.

Sauf qu'aujourd'hui, il ne voit plus cela du même œil. Il est reconnaissant d'être encore en vie et reconnaissant pour son étrange faculté à arrêter le court du temps l'espace d'un souffle. Il se fiche royalement d'être un pion sur l’échiquier du DeathKing si ça veut dire rester en vie. En plus, sa « survie » à une telle blessure l'a mené au rang de légende pour ses sous-fifres. L'histoire à été transmise, déformée, exagérée... La perfidie de l'usurier l'aurait rendu impossible à tuer, il serait tellement mauvais qu'il aurait un partenariat avec Lucifer, tout un tas d'idioties dont il se moque régulièrement. Cela ravit ses oreilles, il est craint par les malfrats de bas-étages et respecté par ceux qui en valent un peu plus la peine. Pour les plus dangereux, il peut les amadouer par le pouvoir merveilleux de l'argent. Cela fait maintenant deux ans qu'il survit sans problème de la sorte et il compte bien continuer de la sorte. Qui sait, peut-être que son ambition le mènera plus haut dans la pyramide alimentaire ou au contraire s'écrasera-t-il en bas de l'échelle ?

En attendant, il lui reste toujours à s'occuper de ses petites affaires quotidiennes. Dans le cas présent, le pauvre type en pleine diarrhée verbale en train de se faire coller dans un fauteuil et s'apprêtant probablement à passer un horrible quart d'heure.