Elle me dit c'est ta vie. Fais c'que tu veux, tant pis.
Hey young blood
Doesn't it feel like our time is running out?
I'm gonna change you like a remix
Then I'll raise you like a phoenix
Wearing our vintage misery
No, I think it looked a little better on me
Nous naissons tous dans des contextes différents, et pourtant, nous avons désespéramment besoin des mêmes choses. Je me suis toujours demandé pourquoi je n'étais pas heureux. J'ai vécu sous ces pressions permanentes, ces regards envieux qui renforçait l'impression que j'étais anormal. Cassé, incapable d'apprécier ma chance alors que la majorité des enfants de mon âge souffraient bien plus que moi. Ils y allaient à grand coup de phrases préconçues, en espérant me les faire autant gober que ce repas que je refusais d'avaler. Je n'étais déjà plus ce gamin positif que l'on adorait. J'étais en train d'apercevoir le monde tel qu'il était, profondément injuste, et de m'adapter avant qu'il ne m'étouffe.
Petit, je n'avais pas vraiment de maison, ou plus exactement, le monde était mon terrain de jeu. Mon père n'était pas très présent. Il était souvent de passage pour un week-end, sauf lorsque ma mère et moi logions quelques temps au Japon. J'étais jeune, et à l'époque, je me disais que j'étais en vacances permanentes. Un professeur privé qui nous suivait pour mon éducation, maman qui m'emmenait souvent avec elle dans d'autres pays pour travailler, visiter ce qui entourait notre location, ... Pas d'obligation, pas de limites si ce n'était les barreaux d'une cage dorée. J'étais aussi curieux que terrifié. Je me cachais derrière mes parents lorsque quelqu'un s'adressait à moi et me contentais de hocher la tête pour répondre aux questions que l'on me posait. Je détestais juste ces fêtes, ces soirées où l'on me sollicitait sans arrêt. Il n'y avait jamais personne de mon âge, juste des collègues de boulot qui ne cessaient de couiner que j'étais adorable et qu'ils rêvaient d'avoir un enfant aussi bien éduqué que moi. Je me sentais comme un trophée qu'elle arborait fièrement. Un trophée qui devait sourire dès que quelqu'un pouvait me voir.
« Ma chérie, comment tu as fait pour resculpter ton corps aussi rapidement après ta grossesse ? »
« Tu as essayé d'envoyer une photo de lui à ton agence ? Elle fait aussi dans les mannequins enfants non ? »
« Ce n'est pas trop difficile de t'occuper de lui ? Ma pauvre, ton mari n'est pas très présent, ce doit être épuisant. Tu devrais engager plus de personnel.»
C'était compliqué. Je ne parvenais pas à comprendre le monde des adultes, et lorsque je posais des questions, on me répondait que j'étais trop jeune dans un rire attendri. J'ai donc abandonné, jusqu'à ce que mon attitude inquiète mon entourage. J'étais trop introverti à leur goût, alors qu'eux entretenaient des attentes énormes à mon sujet. Il n'y a eu que mon enseignant particulier qui est venu en discuter avec moi à plusieurs reprises. Il voulait savoir pourquoi je passais mon temps à dessiner ou lire dans mon coin plutôt que jouer dehors, et la réponse était évidente de simplicité.
« Mais le foot, ça se joue pas tout seul monsieur. »
Alors, il avait commencé à m'emmener à la plaine de jeu. Je me demandais comment m'intégrer, mais cela avait fini par se faire naturellement. Il y avait la barrière de la langue, mais je savais ce que voulaient dire les mots les plus courants et, de toute façon, jouer était suffisant pour communiquer à cet âge. J'étais le genre de casse-cou qui pleurait à chaudes larmes à la moindre égratignure, quelque chose de fragile qui pourtant s'affichait en leader courageux.
Puis sans prévenir, tout ce que j'avais construit durant un mois en Espagne s'envolait en fumée. Il fallait partir pour Singapour. Nous allions y rejoindre mon père qui projetait de racheter un concurrent. Il n'y avait pas eu d'au revoir, et je savais au fond de moi que je ne reverrais jamais mes amis.
Tout comme je n'allais jamais revoir les suivants.
Et ceux d'après.
Le plus dur, c'était l'aspect aléatoire. J'avais fini par me méfier et m'attacher moins facilement aux enfants que je rencontrais, mais c'était toujours la même histoire. Je baissais ma garde après plusieurs mois, puis ce maudit cercle vicieux recommençait. Je disparaissais de leurs vies et j'en souffrais terriblement, au point de finalement me résigner. J'étais pris au piège, prétendant dès mon plus jeune âge que j'étais un gamin épanoui tandis que mes insécurités grandissaient. Je restais en retrait, m'occupant du mieux que je le pouvais pour tromper l'ennui.
« John ! John ! »
« Que se passe-t-il Elly ? Tu as un problème ? »
« Oui, est-ce que tu pourrais m'aider ? »
« Explique moi tout. »
Ma situation n'avait rien de stable. Cependant, plusieurs choses ne changeaient pas. Parmi celles-là, il y avait John, mon professeur particulier. Il s'occupait de moi et mon éducation depuis que j'étais en âge d'aller à l'école et faisait également office de nounou. J'avais entièrement confiance en lui, et pour cause, j'étais plus souvent collé à lui qu'à mes parents. Si je voulais un conseil réaliste, j'allais le voir. Ma mère, quand, par chance, elle était présente, me répondait toujours avec sa vision biaisée du monde. La célébrité lui avait fait perdre depuis longtemps le sens des réalités.
« J'ai rencontré un garçon que j'aime beaucoup. »
« Que tu aimes beaucoup ? »
« Oui »
« Beaucoup comment ? »
« Bah... »
« Elliot ? »
« J'aimerais bien... qu'il soit mon petit ami quand je serais plus grand. Comment je fais ? »
Compliqué. Il s'agissait du mot parfait pour décrire la situation dans laquelle je me trouvais. J'avais dix ans et je tentais de grappiller quelques conseils, comme si les réclamer était une bonne idée en soit. Spoiler : C'était l'exact contraire d'une idée lumineuse. Parce que John semblait presque réciter mot pour mot ce que je voulais entendre, me glissant quelques conseils pour me déclarer auprès de ce fameux garçon. Parce qu'en toute honnêteté, je ne craquais pas sur un camarade, mais sur lui.
Lorsque j'ai franchi le pas, rien ne s'est passé comme je l'aurais espéré, au contraire. John a contacté mes parents et leur a expliqué que j'allais me retrouver face à de nombreux problèmes si je n'étais pas scolarisé. Il leur a avoué ce que je lui avais dit en se retranchant derrière une argumentation qui pointait du doigt ma mère, l'attaquant sur le fait que je n'étais pas un animal de compagnie que l'on laissait seul toute la journée à la maison, qu'il était donc normal que je me développe différemment des autres enfants. Il a ensuite sermonné mon père. John avait raison, comme souvent. Je manquais d'une figure paternelle, car la mienne se contentait de se renseigner sur mes notes et mes études plutôt que sur ce que je ressentais.
Et John est parti la semaine suivante. J'ai pleuré pendant plusieurs mois à l'idée qu'il s'ennuyait avec moi et qu'il s'occupait désormais d'un autre garçon, mais mon père lui avait simplement donné une promotion, l'invitant à travailler au siège londonien de la société. Je le croise régulièrement depuis que je vis en Angleterre. L'Angleterre m'offrait une vie plus sédentaire et un remplacement de personnel plus fréquents. Mon père avait encore en travers de la gorge que son fils se soit entiché d'un employé. Il était donc hors de question que cela se reproduise. Selon lui, être scolarisé dans la meilleure école du pays allait me permettre de côtoyer d'autres adolescents aussi aisés que moi.
« Si la puberté le pousse de nouveau à prendre des décisions stupides, au moins ce sera avec de bons partis qui ne voudront pas de lui pour notre argent. »
« Elliot, tu ne devrais plus inviter ce garçon à la maison. Méfie toi mon ange, tu es bien trop gentil. »
J'avais changé, mais elle ne le remarquait pas. J'étais une boule de colère qui menaçait d'exploser sans avoir la possibilité de me confronter à ceux qui en étaient la source. J'étais une boule de colère qui s'en prenait aux autres sans jamais me sentir apaisé.
J'étais insupportable. Je rabaissais tout ceux qui me osaient me contredire, même lorsque je savais pertinemment que j'étais en tort. Je ne m'étais pas non plus fait à cette transition compliquée : Le boulot de John était de m'accorder toute son attention. Ce n'était pas celui de mes professeurs. Alors je tentais de la prendre de force. Ils en étaient venus à redouter mes crises autant qu'ils redoutaient mon père. Je hurlais, je détruisais des objets, je me permettais d'entrer dans des locaux interdits aux élèves, ... Et j'espérais. J'espérais de tout cœur que si l'établissement appelait assez souvent, ma famille rentrerait, que nous pourrions faire quelque chose ensemble, tout les trois.
Je ressentais de la rage, eux des remords. Je le voyais bien. J'étais noyé sous les cadeaux et je me laissais acheter. Je rentrais dans cette relation malsaine en m'imposant comme un enfant unique capricieux, obtenant ce que je réclamais en un claquement de doigt. Ce n'était pas que j'étais matérialiste, mais il restait une étincelle, une partie de moi qui s'accrochait à une forme d'amour que je trouvais en ouvrant chaque boîte. J'étais une petite chose affamée qui survivait avec ce que l'on daignait lui jeter.
« Qu'est-ce que tu regardes ? »
« Je... Toi. »
« Tu pourrais arrêter ? »
« Elliot, tu ne voudrais pas m'accompagner au cinéma ? Je sais qu'on est en froid, mais le nouveau film de Miyazaki est sorti il y a deux jours, alors je pensais... »
« Tu pensais que ça m'intéresserait parce que mon père est japonais ? C'est insultant... »
« Non, pas du tout ! Je sais que tu aimes les films Ghibli ! »
« Et d'où est-ce que j'aime les films d'animation ? C'est pour les gamins. »
« Tu m'as invité chez toi abruti ! »
« Nous avions un travail de français à faire ensemble. »
« C'est pour ça que tu m'as montré tes goodies d'otaku dont ta grenouillère Toto... »
Andrew était probablement ce qui s'approchait le plus d'un ami pour moi. Je m'étais disputé avec lui parce qu'il avait d'autres amis que moi je n'aimais pas. Je n'étais pas prêt à faire le moindre effort, que ce soit pour apprendre à les connaître ou accepter de le partager. J'avais donc attendu qu'il comprenne combien je valais mieux qu'eux. Mes parents disaient que je valais mieux qu'eux. Il n'est pas revenu vers moi. Il a fallu que je réagisse. Je n'avais pas le choix. J'ai donné un coup de pied dans la fourmilière en répandant de fausses rumeurs jusqu'à ce qu'il se retrouve aussi seul que moi. Nous n'étions pas si différents. Lui aussi souffrait de la solitude, alors j'étais conscient que mon plan fonctionnerait et qu'il reviendrait vers moi.
Je voulais qu'il retienne la leçon, qu'il vive le même rejet que moi. Il allait me proposer de nous réconcilier, et j'allais, devant le groupe avec lequel je traînais, l'envoyer paître sèchement. Je ne m'attendais pas à ce qu'il parle de mes passions, souvent vues comme immatures. Mon sang n'a fait qu'un tour, et j'avais un peu du sien sur mes poings. Il avait suffi d'une droite dans le nez.
« Dégage. »
Le vrai Elliot l'aurait emmené jusqu'à l'infirmerie. Le vrai Elliot aurait mis de la glace sur son nez en s'excusant à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Cependant, le vrai Elliot n'existait pas dès qu'un public pouvait le voir, dès que des gens pouvaient se rendre compte qu'il jouait un rôle pour cacher ses faiblesses.
Je voulais qu'il retienne la leçon et le garder pour moi. Finalement, c'est moi qui en ait retenu une. Andrew a couru. Il est allé jusqu'à un endroit où personne ne pourra jamais l'atteindre à nouveau.
« Hey 'Drew, c'est Elly. Désolé pour avant-hier, j'aurais pas dû te frapper. Je pensais pas du tout ce que je t'ai dit. Je t'en voulais juste d'avoir mis tant de temps avant de venir me parler. On peut s'arranger pour samedi soir, t'en dis quoi ? J'offre le ciné. »
Il ne l'a jamais reçu, parce qu'il n'était déjà plus là.
Je ne m'en suis jamais remis. Heureusement d'ailleurs. Je suis responsable de ce qu'il s'est passé. En voyant mon état, beaucoup ont tenté de me faire penser le contraire. Ils m'ont expliqué qu'Andrew avait déjà fait des tentatives, dont l'une dont il s'était tiré miraculeusement.
De toute façon, cette fois, c'était bien moi qui l'avait aidé à appuyer sur la détente.
« Elliot est bizarre tu ne trouves pas... »
« Il a l'air... sympa... ? »
« J'en reviens pas qu'il m'ait filé les réponses du devoir de math. »
« Sérieux ? »
« Il m'a même donné son numéro si jamais j'avais des questions. »
« Il doit s'être cogné quelque part... »
« Puis il m'a demandé s'il pouvait rejoindre le club de dessin. »
« Monsieur Elliot Hayaki aime faire autre chose que s'éventer avec des billets de 500 euros ? »
« On dirait. »
« Fais gaffe. On dirait qu'il t'achète pour faire partie du groupe. »
J'ai trouvé refuge dans le dessin. Chaque ligne semblait m'aider à me canaliser, à retrouver une forme d'apaisement. C'était ma façon de faire ce deuil compliqué et de renouer avec qui j'étais vraiment. J'apprenais au fil du temps à éviter d'exploser sur le premier venu dès que quelque chose n'allait pas dans mon sens. Une fois arrivé à l'âge adulte, j'avais fait d'immenses progrès. J'étais conscient que personne ne m'en féliciterait, mais j'étais heureux de trouver ma propre voie.
Je rêvais d'être artiste, libéré de ces contraintes qui m'avaient été imposées dès la naissance. Pourtant, j'ai accepté les propositions de mes parents de peur de les décevoir.
Mon père rêvait que les entreprises Hayaki soient transmises de génération en génération. Mon grand-père avait entretenu ce même espoir et l'avait vu se réaliser.
Ma mère rêvait de voir son fils être cette nouvelle star que le monde s'arracherait. Elle voulait voir sa progéniture briller autant qu'elle, et avoir la chance de faire des films avec moi.
Comment leur dire que je n'allais pas répondre à leurs attentes ?
J'avais 18 ans, et j'étais incapable de leur refuser quoi que ce soit. J'ai cédé, au moins pour ne pas avoir de regrets. J'aurais au moins essayé, ce qui m'aurait libéré de nombreux doutes, surtout si je me plantais. Je n'ai pas suivi d'études, mais mon père était certainement la meilleure école possible pour apprendre l'économie et la gestion. J'ai donc emménagé quelques temps au Japon, suivi par ma mère qui nourrissait toujours ces grands projets pour moi. Elle était persuadée que j'étais au meilleur endroit pour me lancer.
« Elliot, les Japonais raffolent des occidentaux. J'ai envoyé des photos de toi à plusieurs directeurs d'agence que je connais bien. Tu te souviens d'Inori ? Elle a déjà trouvé une marque de soda qui te veut pour leur prochaine campagne marketing. »
Dis plutôt que tu as fait jouer tes contacts, maman.
Sans surprise, il était épuisant de jongler entre les deux. J'ai tenu un peu moins de quatre ans avant de décider qu'il valait mieux que je suive ce que je voulais vraiment. Être reconnu dans les rues de Tokyo m'était aussi pénible que de voir les employés de mon père trembler de peur devant moi dès que je m'adressais à eux. Je voulais une vie plus simple, non pas qu'être un artiste le serait, mais m'éloigner de ce mode de vie. Courir après une célébrité éphémère ou plus d'argent que je n'en aurais jamais besoin, les deux options me paraissaient ridicules. Je n'aurais pas été si malheureux si cela m'avait convenu.
« Je suis désolé. »
« Elliot. Tu te rends compte que tout le monde t'adore ? Je vais avoir l'air de quoi ? »
« Maman, tu auras toujours l'air aussi magnifique. Je n'ai pas envie de passer ma vie à faire quelque chose que je n'aime pas. »
« On ne fait pas toujours ce que l'on aime. »
« Tu fais ce que tu aimes. »
« Et donc ? Est-ce que je peux savoir ce que tu comptes faire ? »
« De l'art. »
« De l'art ? »
« Oui. Je ne peux pas être plus précis. Le dessin et la peinture surtout. »
« Je crois que j'ai un ami qui travaille dans une galerie à New York... »
« Maman, je veux le faire seul. J'ai toujours été indépendant, ce n'est pas pour être traité comme un enfant à 22 ans. »
« Est-ce que tu as la moindre idée d'à quel point c'est ridicule ?
« J'ai besoin de me trouver, ce n'est pas quelque chose dans lequel on peut m'aider. »
« Je ne serais jamais là où j'en suis si personne ne m'avait donné de coup de pouce. »
« Tu y serais, parce que tu es une femme. Tu as moins de concurrence puisque vous êtes plus rares depuis l'Enfinité. »
C'est à ce moment là que la situation a dégénéré. Elle a commencé à me crier dessus, comme si un simple fait scientifique remettait en cause tout les efforts qu'elle avait fourni. Alors j'ai quitté la maison en prenant ma moto tandis qu'elle s'égosillait encore derrière moi.
J'ai roulé. J'ai roulé plus vite que mes propres pensées.
J'ai perdu le contrôle sans réaliser ce qu'il venait de se produire.
Seul, droit dans un arbre. Au moins je pouvais relativiser la chose en me disant que je n'avais pas fait la moindre victime.
J'avais imaginé et crains la mort. Je m'étais parfois approché d'elle, laissant une lame effleurer la peau de mes poignets. Je la voyais aussi attirante qu'effrayante, mais je n'aurais jamais cru qu'elle donnait des secondes chances.
J'avais envie de lui demander si elle en avait laissé au moins une à Andrew.
Elle était partie avant que je trouve le courage de lui poser une telle question. Je me trouvais à l'arrêt, sur le parking d'un supermarché. Je suis resté un moment là-bas, le temps de me reprendre. J'ai fait quelques emplettes, ni par envie, ni par besoin. Ce n'était qu'un prétexte pour ne pas remonter en selle directement. Est-ce que j'avais peur ? Est-ce que je ne réalisais pas encore ce qu'il m'était arrivé ? J'y ai traîné une bonne heure, à hésiter entre deux paquets de chips. J'aurais pu appeler un taxi, mais je suis reparti de la même façon dont j'étais arrivé là, excepté l'interlude du platane.
Lorsque je suis rentré à la maison, les cris de ma mère vrillaient encore dans mes tympans. Elle était trop occupée à s'énerver à mon sujet avec mon père que pour remarquer que je m'étais enfermé dans ma chambre.
« Tenez, voici 25 euros. Vous pouvez garder le reste comme pourboire. »
« Merci monsieur. Je vous souhaite un bon appétit. »
« Attendez... Est-ce qu'il est possible que je vous ai vu quelque part ? »
« Haha, vous n'imaginez pas combien de fois je l'entends par jour. Vous devez confondre, je suis simplement un livreur vous savez. »
J'avais fini par atterrir à Niflheim, un peu par hasard. J'avais hésité à retourner à Londres, mais je n'avais pas envie de gâcher la chance d'être un Reload en renouant avec quelque chose que j'avais toujours connu. Un autre endroit, pour une toute nouvelle vie, si ce n'était cet appartement que mes parents m'avaient dégoté. Il était comme l'on pouvait s'y attendre beaucoup trop luxueux à mon goût, mais j'avais été contraint d'accepter. Ils voulaient absolument que l'endroit où je vive soit assez sécurisé et assez calme. Quitte à ce que je tente une carrière artistique, autant que je puisse avoir tout ce dont j'avais besoin à proximité.
Ce qu'ils ignorent, c'est que j'ai pris un petit job. Je n'ai pas envie d'être ce gosse qui peut dépendre de la fortune sur son compte en banque. Je veux être comme tout le monde maintenant que j'ai trouvé un endroit où me fondre dans la masse.