L'histoire de Ed n’est pas une histoire comme on en voit trop souvent. De ces histoires trop parfaites où rien n'arrive. Ce n'est pas non plus un enfant abandonné, ni un enfant d'un parrain de mafia... C’est juste l'histoire d’un garçon blond qui a développé une phobie des voitures et se comporte comme un chat.
L'histoire d'Edward commence un matin de décembre dans une petite ville d'Angleterre, un matin où les premières gelées de décembre commençaient à venir. Entouré d'une mère aimante et d’un père ouvert d'esprit, le petit garçon eut un début de vie paisible. Il avait tout juste trois ans lorsqu'il rencontra celui qui allait devenir son meilleur ami... voire davantage. C'était à un anniversaire, le petit garçon était tout joyeux de pouvoir s'amuser, jusqu'à ce qu’il croise un autre garçon, de sept ans son aîné. La différence d'âge ne les empêcha pas de bien s'entendre, et une amitié solide se noua entre eux. Une amitié, ou bien plus..?
Mais la vie du jeune Edward bascula alors qu'il avait cinq ans. Ce jour-là, il revenait avec ses parents du parc d’attractions, à moitié content de la journée passée, mais à moitié triste car son meilleur ami avait dû déménager il y a peu... Son père conduisait prudemment, étant donné le peu de visibilité sur la route. Et alors que le jeune garçon discutait avec sa mère, un chauffard fonça vers eux, obligeant la voiture à faire un écart soudain, ce qui valut une perte de contrôle du véhicule. La voiture franchit la rambarde de sécurité et finit dans le ravin, un lourd silence planant sur l’endroit...
Les deux parents du blondinet étaient morts, tués sur le coup. Edward avait eu un peu plus de chance, souffrant de diverses blessures, mais surtout d’une amnésie totale. Il ne se souvenait plus que de son nom, il avait oublié tout le reste. Il était complètement perdu, il en avait perdu jusqu'à cette énergie débordante qui le caractérisait.
Puis un jour, une personne qui arrive et réclame à voir le blondinet. Une femme, corpulence moyenne, d’allure vulgaire. Elle signe les papiers et part en emmenant le petit garçon à l'air perdu avec elle. Elle se fait passer pour sa mère, prétextant que sa peur des voitures est dû au fait qu'il s’était fait faucher par un chauffeur ne regardant pas où il allait. Mais dans ses rêves, le blondinet voit un visage aimant, doux et tendre, qui lui évoquait une mère.
Tant de choses étranges, inexplicables... Lors d’une visite de contrôle, Edward est laissé seul un moment, juste le temps que le médecin s'entretienne avec un collègue. Mais la porte est mal fermée, et le blondinet apprend la terrible vérité : ses parents sont morts, cette femme n'est qu'une impostrice. Du haut de ses 15 ans, le blondinet décide d'aller la confronter, espérant qu'enfin elle dise la vérité...
Rien ne se passa comme prévu. Non seulement elle refusa de voir la vérité en face, persistant à dire qu'elle était sa mère, mais en prime elle se montra beaucoup plus cruelle avec lui, l'enfermant dans un placard pour le punir d'oser la défier. Plusieurs mois passèrent, plusieurs mois durant lesquels sa tante se montrait odieuse avec lui et refusait d'avouer la vérité, plusieurs mois durant lesquels Edward passait le plus clair de son temps enfermé dans le placard, développant au fil du temps une véritable claustrophobie.
Une nuit, la police reçut un appel provenant de la maison dans laquelle Edward "vivait". Le jeune garçon s'accusait d'avoir tué sa fausse mère à coups de couteau. Mais l'enquête démontra que c'était impossible. Tout d'abord, les traces de sang sur le verrou du placard démontraient que le jeune garçon avait été libéré après que la femme ait été tuée. Et surtout, l'état mental d'Edward rendait impossible tout geste de ce genre. En effet, le blondinet semblait vide de toute vie, comme une marionnette sans âme. Suite à ce meurtre irrésolu, le blondinet fut envoyé en orphelinat à Niflheim, afin qu'il ne reste pas seul jusqu'à sa majorité.
Son comportement restait le même, il agissait par automatisme, sans réelle envie de faire la moindre chose. Au point que les médecins qui l'examinaient ne voyaient pas d’autre solution que de le mettre en hospitalisation permanente. Mais parmi ses « camarades », un d'entre eux restait toujours près du jeune garçon. Il s'agissait d'un jeune adulte de 20 ans, nommé Kenichi, qui travaillait en tant que bénévole mais qui faisait partie d'un gang.
Un jour, alors que son gang l'avait réclamé, il ne put se résoudre à laisser Edward seul dans son coin et décida de l'emmener avec lui. Après discussion, le blondinet fut autorisé à venir, à la seule condition qu'il reste dehors pour faire le guet. Le hasard voulut qu'une voiture de police s'arrête juste devant lui, ce qui lui provoqua un accès de panique. Il rentra donc en trombe, et les membres du gang ne mirent pas longtemps à comprendre la raison de son comportement.
"Je refuse de partir sans lui! C'est la seule fois où j'ai pu le faire sortir, je rentrerai avec lui!!"
"Vire, Kenichi, je m'en charge de ton blondinet."
Le chef du groupe regarda partir tout le monde avant de se tourner vers le blondinet. Il le prit en passager sur sa moto avant de mettre pleins gaz vers le point de rendez-vous convenu. Lorsqu'ils arrivèrent, Kenichi se précipita pour vérifier que le jeune n'avait rien. Et c'est alors que quelque chose de surprenant se produisit : Edward prit la parole. Lui qui n'avait pas décroché un seul mot depuis son arrivée à l'orphelinat venait en quelque sorte de se réveiller.
Edward suivit donc souvent le gang dans ses expéditions, et finit par se découvrir une passion qu'il n'aurait jamais pu soupçonner : la moto. Il apprit assez rapidement à réparer les motos ainsi qu'à les "bricoler", terme utilisé pour parler de les améliorer avec des pièces n'étant pas de base. Il participa également à quelques courses, histoire de pouvoir se mettre de l'argent de côté pour quand il serait majeur.
Mais un jour, à nouveau, tout bascula. Alors qu'il profitait de l’une des sorties permises, il entendit un miaulement, faible. Il chercha et finit par trouver l'origine : un chaton coincé sur le rebord d'une fenêtre dans les étages d'un immeuble. Sans réfléchir, il escalada la façade de l'immeuble, arrivant non loin du chaton. Cependant, il ne pouvait pas approcher trop près pour ne pas l'effrayer... Aussi se dressa-t-il sur la pointe des pieds, perché sur un appui peu stable, tendant la main vers le petit félin afin de l'attraper.
Et alors qu'il venait de saisir le chaton, il sentit son appui céder. Il aurait pu tenter de se rattraper, mais il choisit de garder le petit félin contre lui afin de lui épargner le choc de la chute. Et finalement, son corps heurta le sol de plein fouet, tout devint noir tandis que le dernier son qu'il entendait était un faible miaulement...
Lorsqu'il regarda autour de lui, il n'y avait plus rien. Il était assis au milieu de nulle part, et il n'y avait personne... Enfin si, il y avait quelqu'un. Un crâne de loup couvert par une capuche, un squelette recouvert d'une cape. La Mort en personne. Il aurait pu se sentir intimidé, mais il était juste paumé.
« Intéressant. Mourir ainsi en protégeant un petit chat... Je n’aurais jamais cru voir cela. »Edward pencha la tête sur le côté. Il était mort ? Vraiment, juste comme ça ? Ca lui semblait... presque irréel. Mais avant qu'il n'ait pu demander, la Mort lui demanda quelque chose d'étrange... Quelque chose comme une demande, est-ce qu'il voulait y retourner. Sans réfléchir, il acquiesça. Il ne voulait pas mourir comme ça, pas maintenant ! Et de nouveau, tout devint noir autour de lui, tandis que la Mort disait lui avoir offert un cadeau.
Il entendait un faible son distant, persistant. Il essaya de se concentrer, afin de percevoir d'où venait ce son. Mais à sa surprise, il entendit une petite voix lui parler. « Merci m'sieur ! » A peine eût-il entendu cette voix qu'il se sentit soudain mal, comme s'il avait fait une brusque chute de tension. Quelques minutes plus tard, lorsqu'il sentit qu’il avait retrouvé assez de forces, il ouvrit les yeux et fut surpris de voir que sur lui, miaulant et lui donnant de légers coups de museau, se trouvait le chaton qu’il avait sauvé ! Etait-ce lui qu'il avait entendu parler ?
Il ne mit pas longtemps à faire le lien entre les deux événements... Rassuré de voir que le chaton se portait bien, il le souleva et le posa à côté de lui afin de se relever, se dirigeant vers l'orphelinat. Mais le chaton le suivit, refusant de l'abandonner. Peu importe le nombre de fois où le blondinet avait beau essayer de le chasser, il revenait toujours... Visiblement, ce félin s'était attaché à lui... Très bien, il le garderait alors.
Quelques mois plus tard, Edward a emménagé dans sa propre maison, avec son chat Esis. Il possède son propre garage, accolé à sa maison, et travaille « officiellement » en tant que mécanicien spécialisé en motos. Des rumeurs courent qu'il participe à des courses... mais après tout, on ne va pas croire les rumeurs, pas vrai?